Luca Roagna cultive de vieilles vignes enherbées, sur de superbes coteaux à Barbaresco et Barolo (Castiglione Falleto). Style traditionnel, 2 à 3 mois de macérations, longs élevages en très vieilles barriques et foudres. La pureté aromatique, la fraîcheur d’expression, la finesse de ses vins enthousiasment les connaisseurs les plus blasés.

Situation : Né en 1981, diplomé d'oenologie, Luca Roagna, cinquième génération de la famille, a vinifié son premier millésime en 2001 à la suite de son père Alfredo sur ce domaine d'exception, dont les vignes se partagent entre Barolo et Barbaresco. Ses vins d'une finesse phénoménale font partie des plus traditionnels de la région, avec de longues macérations en chapeau submergé (parfois jusqu'à 100 jours) et des élevages très longs sur de petites cuvées d'exception. Polyglotte, volubile et doté d'un solide sens de l'humour, Luca Roagna est un des vignerons les plus attachants que nous connaissons. Sa curiosité insatiable, son énergie phénoménale ont très vite conduit ce jeune vigneron vers les sommets de la qualité des vins piémontais. Sa reconnaissance est désormais mondiale, et ses vins très prisés deviennent de plus en plus difficiles à acquérir. 

La famille Roagna est à la tête d’un domaine historique, parmi les plus anciens du village de Barbaresco : l'arrière-arrière grand-père de Luca a commencé à y produire du vin sec vers 1880. Jusqu’à la fin du XIXème siècle, les vins élaborés dans la région étaient presque exclusivement fortifiés et destinés aux liquoristes turinois et milanais.
En 1989, la famille achète des vignes à Barolo sur le secteur de Castiglione Falleto. C’est donc aujourd’hui l’un des rares domaines proposant aussi bien des Barbaresco que des Barolo dans sa gamme, possédant le privilège rare de pouvoir les vinifier en dehors de zones d'appellation. 

A la vigne : Le domaine a la chance de posséder un patrimoine exceptionnel de très vieilles vignes, avec une moyenne d'âge de plus de 50 ans aujourd'hui. La philosophie du domaine ? Respecter l’identité des crus, respecter la nature en adaptant les méthodes les plus propres possibles à la vigne (le domaine n’est pas certifié en bio mais le résultat est équivalent, banissant les herbicides, les pesticides, ler fertilisants et toutes molécules de synthèse). Toutes les vignes sont enherbées, les hautes herbes sont couchées pendant l'été pour conserver de la fraîcheur dans les sols. La symbiose souvent recherchée entre le vignoble et la diversité microbienne et animale prend ici tout son sens. La qualité des sélections massales est essentielle à la vigne : le domaine a même entrepris depuis 2012 de créer un conservatoire, reproduisant de nouveaux plants de vignes à partir des pépins provenant des raisins des plus vieilles vignes. Dans certaines vignes, Pira en particulier, les vieux plants sont encore francs de pied, reproduits par marcottage à l'ancienne. Alfredo, le père de Luca, né en 1953 et qui a vinifié son premier vin en 1971, passe presque tous les jours de l'année à travailler dans les vignes. 
Le cru Pajé est propriété de la famille depuis 1953. Ce coteau en amphithéatre exposé au sud-ouest se compose de marnes calcaires sur 1,83 hectares planté de nebbiolo et d'un peu de dolcetto.
Asili est une parcelle de 0,22 ha achetée en 1961 en exposition sud-ouest, plantée exclusivement de nebbiolo. 
Le domaine possède 0,24 ha en Montefico, acquis en 1929 et qui a constitué le cadeau de mariage de l'arrière-grand-mère. Ce petit amphithéatre en exposition sud-est fait face au village de Neive, planté intégralement de nebbiolo. 
Toujours sur Barbaresco, le vignoble de Carso couvre 1,10 ha planté de chardonnay (pour le vin Solea) et de Dolcetto.
Le cru Pira (anciennement "La Rocca e la Pira") est situé à Barolo sur le secteur de Castiglione Falleto. En exposition sud-est, 7 hectares de vignes sur marnes bleues et sables sont très majoritairement plantés de nebbiolo, avec un peu de barbera et de chardonnay. On trouvera ici les plus vieilles vignes du domaine, plantées avant 1937. 4 hectares de bois complètent le site, très isolé, et permettent une expression très aboutie de la biodiversité recherchée par le domaine. 
Au cours des années 2000, Luca a pris en location des vignes à Barolo dans les crus le Coste (2007) et Vigna Rionda (2003 à 2006), qu'il a malheureusement perdu. Des vins mémorables ont été produits sur ces vignobles. 
Enfin, un hectare de vignes a été récemment acquis dans les Colli Tortonesi, à Montemarzino, planté du vieux cépage piémontais Timorasso. 

A la cave : Luca Roagna ne recherche jamais la maturation des sucres mais la vraie maturité des tanins, en se basant sur les sensations obtenues en croquant les pépins. Une cave spectaculaire, semi-enterrée à flanc de colline au dessus du cru Pira, a été construite pour mener à bien les vinifications, les élevages mais aussi pour stocker, à 30 mètres sous terre, plusieurs millions de bouteilles destinées au vieillissement. Les raisins arrivent par gravité dans de grands foudres tronconiques en bois où ils vont macérer et fermenter. Seules les levures naturelles, activées par un pied de cuve, sont utilisées. Le style de vinification peut être qualifié de traditionnel, avec de longs élevages en foudres (qui durent parfois jusqu'à 10 ans) et des macérations longues, qui peuvent dépasser 80 jours : Luca estime qu’une extraction délicate et longue est la plus adaptée au nebbiolo, extrayant ainsi les composés aromatiques les plus nobles du raisin et dotant les vins d'une grande résistance à l'oxydation et d'une plus grande longévité. La méthode du chapeau submergé est employée pour tous les vins rouges, et consiste à maintenir les matières solides immergées en haut des cuves grâce à des planches de bois, telle une douce infusion. Si il expérimente sur des vinifications en grappes entières, il juge le nebbiolo assez peu adapté à cette méthode. Les foudres sont méticuleusement selectionnés, avec des durées de séchage des bois allant jusqu'à 10 ans. Les vins ne sont jamais filtrés ou collés, et les doses de soufre sont faibles, pas plus de 35mg par litre. 2004 a été la première année où les quatre crus historiques du domaine ont été produits, et 2007 la première année isolant les parcelles de Vecchie Viti (vieilles vignes). 

Les vins : Le Dolcetto d'Alba offre une délicatesse de texture et des parfums déjà hors du commun. Le rare Barbera d'Alba n'est commercialisé qu'après plusieurs années d'élevage, lorsque les arômes secondaires s'expriment. Le Langhe rosso est un assemblage des jeunes vignes de nebbiolo de Barolo et Barbaresco, ineffable expression de la noblesse de saveurs et d'arômes du grand cépage piémontais. Barolo et Barbaresco vieillissent au moins cinq ans avant de sortir du domaine : Le Barbaresco Pajé décline un fruit extraordinaire de fraîcheur et des tanins soyeux. Le Barolo Pira se fait plus ferme mais ses notes de fumé et d'orange sanguine lui confèrent une grande noblesse d'expression. Quatre cuvées étiquetées Vecchie Viti (Vieilles Vignes), produites à seulement 1200 à 1800 exemplaires suivants les millésimes, isolent différentes expressions parcellaires : Asili est un Barbaresco juteux, pulpeux et puissant, Montefico livre une texture moelleuse et racée, empreinte d'une grande minéralité. Pajé Vecchie Viti subjuguera par sa grande dimension harmonieuse et sa profondeur de saveurs. Pira Vecchie Viti intègre des vignes franches de pied de 1937, dont la sève et l'éclat très particuliers sont soulignés de tanins incroyablement fins. Dans les grands millésimes, le coeur du cru Pajé est isolé pour la cuvée de Barbaresco Crichët Pajé, minuscule production élevée pendant dix ans minimum : un vin superlatif, qui se mesure sans difficulté aux plus prestigieux Barolo, qui conserve une fraîcheur émouvante et se dote d'un potentiel de garde phénoménal. Un rare vin blanc, Solea, voit le jour certaines années : il provient d'un assemblage de chardonnay et de nebbiolo vinifié en blanc : structure de rouge, légère macération pelliculaire, c'est un objet vinicole non identifié, qui est à notre avis le plus grand blanc du Piémont. Enfin, le Barolo Chinato fait revivre, dans la grande tradition des amaro piémontais, un vin de méditation composé de Barolo du millésime 2001 aromatisé à la quinine, mais aussi d'une trentaine d'herbes et d'épices : badiane, gentiane, clou de girofle, anis, cannelle, etc...Il ne laissera personne indifférent, et soignera bien des maux...En 2013 et 2014, de nouvelles parcelles à Barbaresco ont été prises en location, et de nouveaux vins verront donc le jour dans les années à venir....2016 voit l'arrivée d'un nouveau vin, le blanc Derthona Montemarzino 2014, issu du vieux cépage piémontais Timorasso. Les Roagna ont acquis un hectare de vignes dans le secteur des Colli Tortonesi. 

Notre avis : Tout est ici mis en oeuvre pour respecter la pureté du fruit et l'expression intègre des terroirs. Nous sommes restés subjugués par la fraîcheur et l'élégance de ces vins, dont rien à la dégustation ne laisse imaginer des méthodes aussi traditionnelles. Le secret de leur incroyable qualité tient aussi sans doute au formidable travail effectué à la vigne par Luca, énergique et passionné. Les vieilles vignes sont cultivées en bio, enherbées et bichonnés dans une région où ces soins ne sont pas si fréquents. La magie de ces vins s'exprime par l'alliance entre une fraîcheur juvénile et une complexité aromatique apportée par l'âge; leur extraordinaire finesse de parfums, pour peu qu'on leur laisse le temps de s'exprimer dans le verre (souvent sur la réduction, ces vins doivent impérativement être longuement ouverts ou carafés), et leur dépouillement racé demandent pour être pleinement appréciés qu'on leur laisse le temps qu'ils méritent pour se révéler. Très longue garde possible sur tous ces vins. 

pour en savoir plus, consultez les liens : 

http://pipette.canalblog.com/archives/2009/09/14/index.html
http://www.leblogdolif.com/archive/2009/10/01/luca-roagna-ou-le-barbaresco-civilise.html